La situation actuelle dans la région de la mer Noire a de graves conséquences pour le secteur de la boulangerie. Le pain, l'un des piliers fondamentaux de notre alimentation quotidienne et de l’emploi local, dépend directement de la disponibilité des céréales et des ressources énergétiques. Les huiles, comme l'huile de tournesol, revêtent également, en tant que matières premières, une importance capitale pour notre production. En raison de la pandémie et de divers défis logistiques, l'approvisionnement de toutes ces matières premières était déjà difficile auparavant, mais aujourd’hui avec le conflit, nous craignons une nouvelle perturbation profonde de notre capacité de production.
En outre, les coûts de transport, d'emballage et de production de la farine et du pain augmentent également. L’explosion des coûts énergétiques, en particulier, due à des facteurs géopolitiques, a un impact majeur car la production de pain est, par excellence, un processus à forte intensité énergétique. Les répercussions sur le prix du pain sont dès lors inévitables.
A court terme : crainte d'une explosion des prix
Bien que nos fournisseurs disposent de stocks de farine suffisants pour les prochaines semaines, la demande sur nos marchés locaux et européen a considérablement augmenté, et ce de la part de pays qui s’approvisionnaient presque exclusivement dans la région de la mer Noire. Nous craignons qu'en raison de cette demande accrue, les prix de la farine et de nombreuses autres matières premières explosent très rapidement.
A moyen et long terme : accorder la priorité à l'alimentation
A plus long terme - bien que la situation soit encore trop floue et instable pour pouvoir l'affirmer avec certitude - le risque est bien réel que nous assistions à une grave perturbation tant de la disponibilité que des prix de nos matières premières et de l’énergie. En outre, la demande de nos matières premières rares est en hausse dans les secteurs de l'alimentation animale et des biocarburants. Il nous paraît évident que le secteur alimentaire doit être prioritaire en cas de nécessité.
Interruption des exportations de matières premières
L'Ukraine et la Russie représentent plus d'un quart des exportations mondiales de blé. Elles sont également de grands fournisseurs de maïs et d'orge. Ensemble, elles représentent aussi plus de 75 % des exportations mondiales d'huile de tournesol, l'une des quatre huiles alimentaires les plus importantes au monde. En outre, le Premier ministre russe Michoustine a déjà déclaré que la Russie devait donner la priorité aux céréales destinées à ses propres boulangeries plutôt qu'aux exportations et Kiev a annoncé que l'exportation de différentes variétés de céréales serait interdite. Le pays veut s’assurer qu’il y ait suffisamment de vivres pour sa population et pour l'armée. Par ailleurs, d'autres pays de la région ont arrêté l'exportation de certaines matières premières.
Incertitude quant aux récoltes à venir
Pour ce qui est des perspectives, l'incertitude plane sur les futures récoltes en Ukraine. En effet, les engrais et les produits phytosanitaires, le carburant et la main-d'œuvre nécessaires à une bonne récolte se font rares. La question se pose même de savoir si les agriculteurs de la région pourront travailler la terre et s'il y aura assez de semis.
Augmentation inévitable du prix du pain
Afin de garantir l'approvisionnement alimentaire en Belgique et l'emploi dans le secteur, nos boulangeries doivent pouvoir répercuter les coûts qui ont augmenté sur tous les fronts, ce qui se traduira à court terme par une hausse des prix pour les consommateurs. A l’heure actuelle, il n’est pas possible de prédire à combien cette augmentation s’élèvera exactement. Il convient de préciser que les boulangeries industrielles (BtoB) ne déterminent pas elles-mêmes le prix final du pain dans un point de vente, à l’inverse du boulanger qui sert son client dans son propre magasin. Il est dès lors important que l’ensemble de la chaîne, y compris les supermarchés, continuent à assumer leur rôle pour parvenir à une évolution équitable des prix. Il semble toutefois inéluctable que le prix du pain augmente.
Dans l’alimentation, le pain reste un produit extrêmement compétitif par rapport à sa valeur nutritionnelle. Le pain est et reste un produit local, naturel et savoureux !
Pour toute question, veuillez contacter :
Mme Kathou Wagemans, Secrétaire générale de la FGBB via kw@fevia.be ou au 0475 26 86 87